Un redressement judiciaire stratégique pour Mécanuméric
Fondée en 1994 à Albi, Mécanuméric est spécialisée dans la fabrication machines à commandes numériques, dont les performances sont reconnues aussi bien en France qu’à l’international, avec plus de 14000 machines installées dans 60 pays. La société subit de plein fouet le climat mondial d'incertitude économique, combiné au ralentissement des investissement dans l’industrie européenne. Elle a choisi d’entamer un processus de redressement judiciaire, effectif depuis décembre 2024. Cette stratégie permet à Mécanuméric de gagner du temps afin de stabiliser sa situation économique, de réorganiser ses activités et d’adapter son modèle économique. Un plan de redressement qui s’appuie sur des perspectives positives sera présenté dans les prochaines semaines.
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Le processus de redressement judiciaire (RJ) de Mécanuméric a été initié à la demande d’Arthur Pais, son dirigeant, en raison de difficultés rencontrées pour parvenir à un accord unanime avec les banques de l’entreprise et BPI, concernant l'étalement des PGE et prêts à moyen terme. Le RJ permet de geler les remboursements de dettes, pendant la période de restructuration de l’entreprise. Ce processus devrait permettre à l'entreprise de sortir de cette phase d'ici la fin de l'année 2025. « Le redressement judiciaire n'est qu'une phase transitoire, et Mécanuméric est prête à rebondir », déclare M. Pais, « notamment grâce à sa capacité d'innovation et à son positionnement stratégique sur des marchés porteurs tels que l’aéronautique ou la défense. »
Cette décision stratégique a été prise en conséquence de la baisse de la croissance économique en Europe et du net ralentissement des investissements industriels européens, dans les biens dits non essentiels tels que les machines-outils. De fait, l’entreprise a observé une baisse continue de ses ventes de l’ordre de 15 % par an, à partir de mi 2022 en raison des effets négatifs de la guerre en Ukraine. Mécanuméric envisage l'année 2025 comme une année de transition, avec une reprise progressive de l'économie européenne.
Des opportunités solides
M. Pais déclare : « Mécanuméric a généré plus 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 malgré l’impact du début de la guerre en Ukraine et les problématiques persistantes de supply-chain. En 2025, Mécanuméric qui vise 16 M€ de CA (dont plus de 50% déjà acquis), a déjà une visibilité sur environ 70 millions d'euros d’offres de vente de machines en cours de négociation, dont deux tiers sont estimés réalisables, soit environ 50 millions d'euros. Cela représente l'équivalent de plus de trois ans de chiffre d'affaires machines potentiellement réalisable, compte tenu des 25% de complément de CA apporté annuellement par les ventes de services. » L'incertitude concerne principalement les dates de concrétisation de ces opportunités, mais des contrats ont déjà été signés avec plusieurs acteurs du secteur aéronautique tels qu'Airbus, Dassault et certains de leurs sous-traitants et plusieurs gros contrats sont en cours de négociation dans le domaine des transports.
« Nos machines et notre flexibilité répondent à une demande réelle sur le marché, notamment dans le secteur aéronautique, qui représente environ 40% de nos ventes. Les marchés de la défense et des transports (ferroviaire) devraient évoluer positivement dans les 8 à 24 mois à venir. Mécanuméric demeure compétitive , flexible et réactive », précise M. Pais.
Mécanuméric est en effet un constructeur entièrement intégré et qui maîtrise l'ensemble des technologies nécessaires à la conception, à la fabrication, à l'installation, ainsi qu'à la maintenance de solutions complètes et individualisées de découpe à commande numérique aussi bien par Fraisage UGV en 3 ou 5 axes, mais aussi d'autres procédés de découpe tels que jet d’eau, laser, couteau et ultrasons.
Des stratégies pour minimiser l'impact social
Le RJ implique une adaptation de la structure de coûts de l’entreprise afin de surmonter la crise à court terme. Les frais généraux et notamment les frais de communication via les salons, ont été fortement réduits, mais la variable principale d’ajustement reste les frais de personnel.
Un plan social est inévitable, bien que cette décision soit fortement regrettée par M. Pais : « j’ai tout fait en 2023 et 2024 pour éviter de licencier un seul salarié, car c’est perdre des ressources au savoir-faire pointu que nous avons mis des années à former et auxquelles je suis humainement attaché ».
Le plan d’économies de charges de personnel à mettre en place reposerait sur la suppression de 32 postes sur 105. C’est violent et trop déstabilisateur pour l’entreprise. Arthur Pais temporise avant d’annoncer son plan définitif et compte sur la mise en place de mesures alternatives, telles que l'utilisation du chômage partiel de longue durée (APLD-R), dispositif remis en place par la loi de finances 2025, mais dont la publication des décrets d’application est attendue seulement dans les prochaines semaines. Conjugué avec d’autres mesures ponctuelles, le plan social pourrait être réduit à 9 personnes et ainsi largement moins impactant pour les salariés et pour l’avenir de la société. L’essentiel pour Arthur Pais restant la préservation des ressources humaines et des compétences chez Mécanuméric, gage d’un rebond gagnant dès 2026.
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Légende : Arthur Pais, PDG de Mécanuméric, devant une machine à commande numérique.
