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Brexit !!! J’adore l’humour britannique. Mais tous les britanniques ne me font pas rire
Préparer un édito sur le Brexit. Incertitude !!! Un édito à faire paraitre dans notre édition d’Octobre 2019 ! Nous ne sommes pas à l’abri d’un coup de théâtre de dernière minute. On ose quand même ?
Honnêtement, quel est le risque que je prends ? Devoir peut-être réécrire mon papier au moment de la publication, par exemple ? Cela n’est rien. Absolument rien du tout à côté du risque qui s’est présenté et se présente encore aujourd’hui aux industriels. La transformation d’un modèle économique n’est pas une mince affaire. Mais une décision inattendue (qui serait d’ailleurs sans doute annoncée de manière fantasque et théâtrale), un coup de théâtre de dernière minute pourrait être fatale à certains d’entre eux.
Parce que ces industriels – ces entreprises qui contribuent à produire de la valeur chaque jour, en fabricant… ces entreprises qui contribuent à produire de la valeur ajoutée chaque jour, en transformant… ces entreprises qui apportent leurs contributions aux PIB de chacun de nos pays… ces entreprises… elles ne sont pas sur une scène de théâtre, à jouer (avec de mauvais acteurs) une mauvaise caricature d’apocalypse politique dont le scénario semble écrit au fil des jours comme dans une série télévisée.
Les industriels ne jouent pas au théâtre. Ils ont joué et jouent gros à devoir réorganiser leurs outils de production, à devoir réorienter leurs investissements, vers d’autres usines, d’autres pays, pour d’autres embauches, d’autres modes d’approvisionnement et d’autres circuits logistiques, à l’échelle européenne, mais aussi mondiale. Alors bien sûr on sait et saura évaluer ce que tout cela aura coûté aux grands et aux géants : coûts en réflexions stratégiques, coûts en ressources humaines, coûts en immobilisations financières, etc. Sans oublier les coûts en temps d’explications au… gouvernement Britannique. Enfin, je veux dire… au gouvernement Britannique qui s’est fait sortir l’été dernier. Car il semble que le gouvernement actuel (en place depuis le 24 juillet) préfère faire la sourde oreille qu’entendre parler des enjeux industriels et économiques du Brexit. Enjeux pour l’Europe, mais surtout pour nos amis Britanniques, d’ailleurs.
Parmi les grands industriels européens, les membres de l’ERT (European Round Table) représentent toutes les industries : aéronautique, automobile, agroalimentaire, pharmacie, énergie, électronique, télécommunication, etc., sans oublier le transport de fret bien entendu… Je n’ai sans doute pas besoin de citer leurs noms ici pour qu’on les reconnaisse. Certains ont d’ailleurs fait les unes des journaux depuis le début de l’année, avant et après le 29 mars, puis… le 12 avril… le 22 mai… le 30 juin… Pour mémoire, on vise maintenant le 31 octobre pour un Brexit (vraisemblablement sans accord avec l’Europe – "Bojo ira alors sans doute chercher de l’argent aux États-Unis et en Chine" disent certains). Presque indifférents à "Mr. Bojo" (Boris Johnson) fantasque et imprévisible, les industriels auront su se préparer. Pragmatiques et rationnels, ils y travaillent depuis longtemps. Y compris pour une sortie sans accord. Sans doute la pire option d’un point de vue économique et social, mais possible.
Cela dit, autour des grands et des géants, nombre de PME et TPE doivent et vont encore devoir investir dans le changement lié au Brexit… Pour elles, la tâche est plus difficile que pour les géants. Incertitudes ! On ne sait encore pas bien où l’on va. Beaucoup de choses peuvent encore changer. Or pour certaines de ces PME (vous savez ? ces petites et moyennes entreprises qui représentent la majorité des jobs et des exportations ?) les capacités de détachement de ressources humaines et d’investissement dans les nécessaires projets d’adaptation au Brexit ne sont pas toujours à la hauteur de l’enjeu. Pourtant, pour plagier un proverbe chinois connu jusque chez nous : "le moment idéal pour planter la graine et avoir un arbre était il y a vingt ans ; le deuxième bon moment est maintenant." On a souvent une deuxième chance. Alors gardons notre sang froid et avançons.
••• Bruno FORGUE